3.1.2 Les typologies de ces méthodes
Typologie de Dudezert
Le Laboratoire Centrale Génie Industriel  (LCGI) de l’Ecole Centrale Paris a réalisé un état de l’art des méthodes d’évaluation des connaissances collectives (ou sociales). Confrontée à la pluralité des démarches Knowledge Management existantes, cette équipe de recherche a classé quatorze méthodes d’évaluation en fonction de trois critères : l’ objet de l’évaluation, les acteurs concernés et la nature de l’évaluation.
 
L’objet : la connaissance peut être considérée par l’entreprise comme un objet ou un processus. Dans le premier cas, les méthodes seront statiques et se traduiront par une approche des actifs immatériels. Au contraire, une approche dynamique considérera la connaissance comme un processus d’apprentissage et tentera de valoriser les produits dérivés issus de cet apprentissage : brevets, licences.
Vision statique
(objet)
Vision dynamique
(processus)
Actifs immatériels
Processus de création de connaissances (innovation, R&D)
 
Produits « dérivés » des connaissances (brevets, information)
 
Connaissances collectives
Cette distinction statique/dynamique nous semble extrêmement importante dans la mesure où nous avons défini la connaissance comme un processus, un élément dynamique. Notons que les auteurs considèrent, en se basant sur les travaux réalisés, que l’information est un élément dynamique valorisable.
Les acteurs : selon l’entreprise et le secteur concerné, les acteurs cherchant à évaluer la connaissance diffèrent. Les auteurs en identifient six : les actionnaires, les directeurs financiers, les stratèges, les chefs de projet KM, les sachants et l’Etat.
Acteurs
Objectifs de l’évaluation
Les actionnaires
- Mettre en évidence le ROI
- Rendre transparents et exhaustifs les résultats de l’entreprise
- Faire comprendre la différence entre valeur boursière et valeur d’actif
Les directeurs financiers
- Apporter des informations susceptibles d’éviter les surprises financières
- Améliorer les systèmes de gestion existants
Les stratèges
- Mesurer la santé de l’entreprise en analysant ses points forts et ses points faibles
- Comparer l’entreprise à la concurrence
- Susciter de nouvelles orientations
Les chefs de projet KM
- Faciliter le pilotage de projets
- Comparer les projets de KM
- Mettre en évidence le ROI de ces projets
Les sachants
- Permettre aux individus de mesurer la valeur de leur propre savoir
L’Etat
- Permettre le suivi du développement intellectuel et culturel du pays
- Permettre l’établissement de la valeur d’un nouvel actif susceptible d’être imposé.
Les acteurs concernés seront, pour nous, les chefs de projet KM que nous tentons d’aider à travers notre recherche.
 
Les techniques : elles peuvent être quantitatives, qualitatives ou mixtes.
 
Quantitative
Qualitative
Mixte
Evaluation chiffrées
Valeur attachée à la connaissance
Réflexion sur la valeur et son évolution chiffrée
Inspirées des techniques financières et comptables
En fonction d’une échelle de valeur
La valorisation des actifs immatériels et des structures
En fonction de ces trois déterminants (les objectifs ont été rajoutés dans les tableaux), les auteurs classent les quatorze méthodes selon trois famille :
  • Les méthodes d’évaluation des actifs immatériels
  • Les méthodes d’évaluation des brevets, des informations et des compétences
  • Les méthodes d’évaluation du processus de création de connaissances
  • Les méthodes d’évaluation des connaissances collectives

 
1. Les méthodes d’évaluation des actifs immatériels
 
 
Objet
Objectifs
Acteurs
Techniques
(Tobin)Actifs
immatériels
- Photographie, Etat
des lieux
- Retour sur
investissements
Actionnaires
- Quantitative
- Finance/Comptabilité
- Ratio entre la valeur boursière d’une entreprise et la valeur de remplacement des actifs comptabilisés.
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Actifs
immatériels
- Photographie, Etat
des lieux
- Pilotage d’activité
Actionnaires/
Stratèges
- Qualitative
- Questionnaire et pondération
Les méthodes existantes pour évaluer les actifs immatériels ne manquent pas. Nous le verrons dans notre deuxième typologie, elles peuvent être complétées par des approches plus organisationnelles.
2. Les méthodes d’évaluation des brevets, des informations et des compétences
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Objectifs
Acteurs
Techniques
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l’innovation
- Photographie,
Etat des lieux
- Pilotage
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Etat
- Qualitative
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Objet
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Acteurs
Techniques
 
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Démarche de
Knowledge
Management
d’une
organisation
- Pilotage d’activité
- Améliorer le
système de gestion
- Analyser les points
forts et faibles
- Susciter de
nouvelles orientations
- Piloter au mieux
une démarche KM
Directeurs
financiers,
PDG/
Stratèges/
Chefs de
projet KM
- Qualitative
- Grille de qualification:
De l’organisation Knowledge
Management, Des outils de
Knowledge Management Des méthodologies de Knowledge
Management
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Typologie de Sveiby
Karl Erik Sveiby (2002) s’est basé sur les travaux de professeurs américains en comptabilité et contrôle de gestion comme Luthy ou Williams qui ont proposé des classifications des méthodes de mesure de l’immatériel. Il distingue alors quatre types de méthodes pour évaluer les actifs immatériels :

    • Les méthodes pour mesurer directement le capital intellectuel : Direct Intellectual Capital (DIC). Cette méthode permet d’estimer la valeur pécuniaire des actifs immatériels par l’identification de ses différents composants. Une fois ces derniers identifiés, ils sont évalués individuellement ou agrégés selon un coefficient.

    • Les méthodes pour mesurer la capitalisation par le marché : Market Capitalization Methods (MCM). Cette méthode permet de calculer la différence entre la valeur par le marché et la valeur comptable, différence mesurant la valeur des actifs immatériels.

    • Les méthodes de retour sur actifs : Return on Assets (ROA). Cette méthode permet de calculer le ROI qui doit être ensuite comparé avec les acteurs d’un même marché. Les bénéfices avant impôt des entreprises sur une période donnée sont divisés par les actifs matériels de l’entreprise. On peut alors calculer celui des actifs immatériels par la même méthode et en déduire la différence entre les deux. Il faut également calculer le ratio entre ces actifs et le coût du capital.

    • Les méthodes du Balanced Scorecard : Scorecard Methods (SCM). Avec cette méthode les différents composants des actifs immatériels ou du capital intellectuel sont identifiés à travers des indicateurs et des indices organisés dans des tableaux à double entrée ou des graphiques. Cette méthode ressemble à celle de la première à la différence près qu’elle ne permet pas d’estimer la valeur pécuniaire des actifs immatériels. Un index composite peut être ou non créé.

De cette deuxième matrice, on comprend que le champs de recherche n’est pas véritablement stabilisé en ce qui concerne la valorisation des actifs immatériels. De nombreuses notions sont développées : le capital social, les brevets, le capital humain, l’EVA, la valeur marchande de l’entreprise...On est donc un peu dubitatif devant les différentes terminologies et méthodologies employées. L’émergence d’un standard mondial semble donc une nécessité.
Ce constat est relayé par le C.R.I. (Collectif de Recherche sur l'Immatériel), un groupe de réflexion qui associe des théoriciens et des praticiens. Selon eux : l'abondance des recherches sur le thème de l'immatériel n'a d'égal que leur hétérogénéité. L'absence d'un cadre théorique commun en est une caractéristique majeure. De même, l’application de ces méthodes est très disparate. Pour le prouver, nous avons étudié et constaté une grande diversité des terminologies utilisées par les entreprises pour décrire la valeur de leurs actifs immatériels dans leurs documents financiers publiés.
Toutefois, les méthodes « équilibrées » sont celles qui semblent le plus intéressantes d’un point de vue stratégique. Ce sont les seules méthodes identifiées qui sont non monétaires.
Les typologies de Dudezert et de Sveiby nous ont permis de classer les différentes méthodes de valorisation constatées dans notre revue de la littérature. Comme nous avons choisi de mettre l’accent sur la valorisation du management des connaissances et non sur les connaissances collectives (cf. Dudezert) et sur les actifs immatériels (cf. Sveiby), il est nécessaire de développer notre propre typologie pour classer ces méthodes.