3. LA VALORISATION DU MANAGEMENT DES CONNAISSANCES
Les connaissances sont des ressources intangibles stratégiques pour l’entreprise. Le management des connaissances est la discipline de gestion qui cherche aujourd’hui à la valoriser pleinement pour rendre les organisations plus compétitives dans l’économie du savoir. Comme en témoignent les grandes entreprises françaises (à travers l’étude du CIGREF, 2001), force est de constater que les projets de management de connaissances relèvent plus du pari que de l’investissement réfléchi. Le management des connaissances est bien une pratique de gestion mais comment s’assurer qu’il est créateur de valeur pour l’entreprise ? Compte tenu de la nature immatérielle du domaine, la mesure de la valorisation du management des connaissances va naturellement nous amener à remettre en cause les modèles habituels de représentation.
Edvinsson & al. (1998) considèrent que trois avancées majeures doivent être réalisées dans le domaine de la recherche au sein du paradigme de la connaissance :
- un effort de conceptualisation de la connaissance en tant qu’actif central dans les organisations ;
- mettre au point des modes opératoires pour intégrer ce capital intellectuel dans la stratégie de l’entreprise ;
- proposer des modèles d’organisation pour faciliter la mise en pratique de la connaissance ;
Notre problématique s’inscrit donc dans un courant de recherche important.

Parallèlement, de nombreux chercheurs se sont penchés sur de nouvelles méthodes permettant de rendre compte plus efficacement de la performance des entreprises. Ces nouvelles méthodes, sans être directement destinées à valoriser les connaissances, représentent des pistes intéressantes pour notre recherche. En effet, selon David Kaplan & Robert Norton (1998): « Les systèmes traditionnels nuisent à la capacité des entreprises à créer une valeur économique à long terme. En effet, la place prépondérante des résultats financiers à court terme incite le plus souvent les entreprises à surinvestir dans les résultats immédiats et à sous-investir dans la création de valeur à long terme, notamment dans les actifs intangibles et intellectuels, ceux qui nourrissent la croissance future (perfectionnement du potentiel humain, systèmes d’information, développement de la clientèle, nouveaux produits). »
Rappelons tout de même que notre propos n’est pas de mesurer l’écart entre les outils de gestion existant mais de réfléchir les possibilités de valorisation du processus de management des connaissances. Nous ne cherchons pas à montrer le décalage entre les techniques comptables et les pratiques constatées. Au contraire, nous allons essayer de réfléchir sur des solutions envisageables pour aider les chefs de projet KM à valoriser leur travail. Pour réaliser cet objectif, il existe, à nos yeux, deux méthodes pour valoriser le management des connaissances :
- Valoriser l’acte en lui-même, le processus de gestion (1)
- Valoriser le produit issu de ce processus (2)
Valoriser l’acte en lui-même (1) revient à réfléchir sur les apports d’un processus de gestion dans une entreprise, avec l’image d’une connaissance dynamique. Au contraire, valoriser le produit issus de ce processus (2) nous amènera à considérer la connaissance comme un processus statique, un actif de nature immatérielle. Dans le premier cas, ce sont les actions générées par le service KM qui nous évaluerons, dans le second cas ce seront les actifs immatériels qui seront évalués.
Nous développerons ces deux dimensions dans notre typologie (2.2.2) en nous basant sur celles déjà réalisées (2.2.1) dans le champs de recherche. Pour aboutir à ces typologies, une revue de la littérature (2.1.1) en sciences de gestion s’impose pour comprendre les apports des différents courants.