2.2.3 Le rôle transverse du Système d'Information et des NTIC
Dans les deux stratégies de management des connaissances que nous venons d’étudier, le système d’information est plus ou moins développé mais il est toujours présent. En effet, la fonction du système d’information dans les organisations a toujours été traditionnellement regardée comme une fonction utilitaire de soutient (Prax, 1997). Avec une approche analytique, beaucoup d’entreprises ont, dans les faits, assimilé le management des connaissances aux technologies de l’information. S’il est vrai que le système d’information et les outils issus des NTIC sont des éléments facilitant le management des connaissances, il est nécessaire de bien comprendre la place de cet outil dans la problématique que nous étudions.

    • Les outils de management de l’information, un mal nécessaire ?
L’informatique a apporté la transparence de la localisation des données et des traitements. Les systèmes d’information proposent aujourd’hui de rendre transparente la localisation des hommes dans l’organisation. Le but ultime n’est plus de s’adresser à des machines. Les communications entre les hommes doivent être prises en compte par le système d’information lui- même. Les hommes vont donc communiquer entre eux au travers de l’espace virtuel de données qu’ils ont créé et qui leur sert à modéliser le monde physique pour mieux agir sur celui-ci (Ermine, 2000). C’est l’idée du cyber-ba de Nonaka et Konno (1998).
Les outils de management de l’information n’ont plus pour but de traiter des données mais de constituer un facilitateur de la communication et de la coopération entre les acteurs, c’est-à-dire un couplage participatif qui fait émerger du sens et de la capitalisation et diffusion de la connaissance collective ainsi construite (Prax, 1997).

    • La nécessité de créer une mémoire organisationnelle et une mémoire de travail
Montaigne pensait qu’« il vaut mieux avoir, et de loin, une tête bien faite qu’une tête bien pleine ». Que voulait-il dire ? Selon le philosophe Michel Serres, il condamnait par là la connaissance mnémonique : de nouveaux supports, comme l’imprimerie en son temps, permettent à chacun de se créer une mémoire. Avec le livre, on a créé une mémoire-objet. Avec les librairies, on a fondé une concentration de cette mémoire. Dès lors, la tête bien pleine peut se vider et laisser place à modeler ce qui n’est pas plein et commencer à créer une connaissance procédurale. Avec les systèmes d’information, l’homme a à sa disposition une mémoire organisationnelle dynamique. L’utilisation des NTIC et des volumes de stockage de moins en moins coûteux a permis la création d’une mémoire de travail, où l’information est liée à l’action quotidienne, et une mémoire organisationnelle, dont le sens doit dépasser la subjectivité des individus et des situations (Prax, 1997). La différence fondamentale avec les archives est la possibilité de mettre à jour en permanence cette mémoire structurée dans des bases de données, des intranets et des documents électroniques.

    • Le portail d’information, un outil d’organisation des flux
Depuis le début des années 90, plusieurs solutions entrant dans la catégorie des technologies Intranet ont été développées et intégrées dans les entreprises en complément des systèmes de gestion traditionnels (Créplet, 2003). Point d’entrée unique de l’information contenu dans l’entreprise, ils permettent également de rendre le Système d’Information participatif. Les intranets sont censés intégrer la plupart des fonctionnalités développées précédemment et permettre aux utilisateurs de gagner du temps par une utilisation rapide de leur ordinateur pour trouver ou rentrer de l’information. Les flux d’information rentrants et sortants sont donc organisés autour de ce point unique, ce qui peut faciliter une évaluation de la contribution de chaque individus.